Le livre des Actes nous précise comme voyant indicateur l’un des plus forts aspects de l’Eglise, dans Actes 2 :42 : « Tous s’appliquaient fidèlement à écouter l’enseignement que donnaient les apôtres, à vivre dans la communion fraternelle, à prendre part aux repas communs et à participer aux prières. ».
C’est sur l’aspect de la vie dans la communion fraternelle que j’aimerais appuyer. Pasteur depuis peu de l’église évangélique baptiste, j’ai redécouvert cette dimension scripturaire avec plus d’acuité, tant cette assemblée se fortifie dans cette communion qu’elle vit, renforce et qui fait sa force.
Au cours du mois d’août et de septembre, cette communion a été mise à l’épreuve. L’un de nos frères a été hospitalisé et la communion fraternelle a été manifestée avec intensité, plusieurs se sont rencontrés aussi au cours de la semaine soit pour des promenades, soit dans les groupes de maison.
L’église a eu l’occasion de manifester sa compassion envers une jeune demandeuse d’asile, qui a perdu son bébé, ce qui a été une autre occasion de communion fraternelle à plusieurs vitesses puisqu’en mon absence, c’est le Pasteur Alain Stirnemann, de France pour Christ, qui a eu l’opportunité de célébrer les funérailles du bébé de cette personne, les uns et les autres ayant collaboré à la concrétisation de cet évènement. En même temps, un autre service funèbre était célébré par le Pasteur Francis Demersemann, de l’église baptiste d’Hirson, nous donnant la main d’association. Bien entendu, ce qui est aussi intéressant est l’impact de l’amour manifesté puisque des travailleurs sociaux ayant grandement aidé cette personne au cours de leur travail y compris les pompes funèbres furent touchés et émus jusqu’aux larmes par la dimension fraternelle qui a été manifestée. Eh oui, vous l’aurez compris, la communion fraternelle, c’est du concret ! Pas du prêchi-prêcha, même si nul n’est parfait en ce monde !
De plusieurs manières, l’église a obéi aux exigences de Dieu en la matière et une conséquence en termes de bénédiction divine a eu lieu, l’obéissance conduisant à de nouveaux niveaux e service.
Or, depuis une dizaine d’années, j’ai constaté la froideur ambiante de la prétendue communion fraternelle dans bon nombre d’assemblées évangéliques où à part se gratter le dos les uns derrière les autres chaque dimanche, il ne se passe rien et parfois absolument rien en termes de relationnel, les chrétiens étant comme devenus des professionnels de la réunion pour la réunion sans plus comprendre le plan de Dieu à travers cela.
Dans notre église, nous avons décidé d’avoir un autre ADN et de vivre autre chose qui soit le plan de Dieu et ce que j’ai lu dans un livre écrit par David Watson, dans son livre, « Disciple de Jésus aujourd’hui », m’a touché et corrobore notre vision des choses :
« Il est impossible de dissocier la vocation de disciple, celle de la vie communautaire et celle du témoignage missionnaire. Sans un entier engagement comme disciple, il ne saurait y avoir de communauté chrétienne authentique ; et sans l’existence d’une telle communauté, il ne peut y avoir de mission efficace. Cependant, pour beaucoup de chrétiens, dans de nombreuses églises, la communauté ne signifie rien de plus qu’une prise de contact occasionnelle ou au mieux une rencontre de travail… Quand Jésus appelait des hommes et des femmes à le suivre, il exigeait une profondeur de relation qui coûtait beaucoup plus, et, par conséquent, qui était bien plus enrichissante et puissante. Il leur demandait de porter effectivement leur vraie identité de fils et de filles de Dieu, qui comportait un engagement total, tant envers lui qu’envers tous les membres de la famille de Dieu… »
Howard A. Snyder, dans son livre « Community of the King », dira : « Beaucoup d’églises ne partagent pas l’Evangile efficacement parce que leur expérience communautaire de l’Evangile est trop faible et insipide pour mériter d’être transmise. Elle ne pousse pas le croyant jusqu’au point où il éprouvera le besoin de témoigner, et – comme le croyant le suspecte avec gêne – elle n’a pas d’attrait pour l’incrédule. Mais là où la communion chrétienne démontre la réalité de l’Evangile, les croyants deviennent vivants, la curiosité des pêcheurs est éveillée et ils désirent connaître le secret du bonheur des chrétiens. C’est ainsi que la véritable communauté chrétienne, la « koinonia » devient à la fois la base et le but de l’évangélisation ».
David Watson, quant à lui, énonce : « La plupart des évangélistes et conducteurs d’églises diront que, s’il est vrai que la formation en vue de l’évangélisation est importante, le facteur crucial est la motivation de ceux qui s’y consacrent. Les chrétiens peuvent savoir ce qu’il faut dire, mais n’ont pas le désir de le faire. Il est presque certain que ce manque de zèle est dû en réalité à la médiocrité de la vie chrétienne dans l’église elle-même. Mais quand l’église connaît un renouvellement dans l’Esprit, la vie déborde sur les autres. Toute personne capable de discernement reconnaît tout de suite la réalité – ou le manque – de cette vie derrière nos paroles. Si nous sommes véritablement enflammés pour l’Evangile par la présence de Christ en nous, et si nous sommes en mesure de dire : « Viens et vois ! », parce que l’église manifeste la vie de Christ, l’évangélisation se fera tout naturellement. »
J’aime encore lorsqu’il affirme : « Pour les premiers chrétiens, la communauté signifiait « une disponibilité inconditionnelle et une responsabilité totale à l’égard des frères et sœurs en Christ, sur les plans affectifs, financiers et spirituels…Cette affirmation tranchante fait ressortir la superficialité des nombreuses communautés chrétiennes d’aujourd’hui. Il est intéressant de constater que le terme employé dans le Nouveau Testament pour désigner la communauté ou la communion – « koinonia » – figure plus fréquemment dans les passages relatifs au partage d’argent ou de biens matériels que dans d’autres contextes. Si l’Eglise doit devenir une communauté d’enfants de Dieu selon l’exemple donné par Jésus avec ses disciples, cela signifie bien plus que chanter ensemble des cantiques, prononcer les mêmes prières, prendre les mêmes sacrements, se joindre aux mêmes services. Cela comprendra, les uns envers les autres, le plein engagement de nos vies et de tous nos biens, car c’est seulement lorsque nous perdrons notre vie que nous la trouverons. Nous sommes ainsi mis en mesure de faire bénéficier notre prochain de la vie de Jésus. En fait, cette expression visible de l’amour en action parlera plus puissamment du Dieu vivant que toute autre chose ».
Ce sont là des exhortations qui font réfléchir et nous permettent de grandir et de considérer une dimension insuffisamment vécue. Pourtant, Dieu fait de grandes promesses à ce niveau, comme celle-ci : » Ah, qu’il est bon, qu’il est agréable pour des frères d’être ensemble ! C’est comme le parfum de l’huile précieuse versée sur la tête du grand-prêtre Aaron, et qui descend jusqu’à sa barbe, puis jusqu’au col de son vêtement. C’est comme la rosée qui descend du mont Hermon sur les hauteurs de Sion. Car c’est là, à Sion, que le Seigneur donne sa bénédiction, la vie, pour toujours. » (Psaume 133 :1-3).
La prière du Seigneur, appelée prière sacerdotale, en Jean 17, nous rappelle que Jésus a voulu cette unité dans la communion : » Je prie pour que tous soient un. Père, qu’ils soient unis à nous, comme toi tu es uni à moi et moi à toi. Qu’ils soient un pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme toi et moi nous sommes un. » (Jean 17 :21-22)
Que Dieu continue de bénir notre assemblée et celles de tout le département et nous donne de voir le fruit de l’évangile !
Pasteur